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essai
31 octobre 2023

Essai… Notre histoire

 

 

couverture 3

Nul ne peut comprendre, s'il ne connaît notre Histoire :

 

Début Septembre : Il fait chaud, cet après-midi-là dans notre classe de première D. Je suis assis à côté de mon ami, Benoit. Mme de Santos commence son cours de français, mais je ne l'écoute pas. Est-ce la digestion, la chaleur, l’ennui, mais je ne suis pas concentré. Je la regarde et je me dis qu'elle est mignonne Mme de Santos, « je me la ferais bien », (même si en fait à ce jour, je ne me suis jamais fait personne... mais ce n’est pas grave, ça n'empêche pas de rêver...). Elle m'aime bien et moi aussi, et puis dans son genre, elle est pas mal Mme de Santos, pas autant que Sophie, certes, mais plus "mûre". Tiens, d'ailleurs, je remarque qu'elle a déjà quelques rides. De petites pattes d'oies au coin des yeux qui accentuent son âge et enjolivent son charme ! Oui, elle est vraiment jolie, mais quand même, je préfère Sophie. Sophie, elle est... belle, jeune, et puis je l’avais déjà « repérée » l'année dernière...

Tiens, on frappe à la porte : C'est Arlette, la secrétaire accompagnée d'une jeune fille, sans doute une nouvelle.

- Bonjour à tous, dit-elle de sa petite voix fluette, je vous prie de m'excuser Madame de Santos, je vous amène une nouvelle élève. 

-Mme de Santos : je vous en prie, Arlette.  Vous pouvez vous présenter mademoiselle ? 

-Je m'appelle Inge P.... 

- Et d'où venez-vous mademoiselle ? demande encore Mme de Santos.

-Des Pays-Bas. Répond la jeune fille.

-Très bien, allez donc vous assoir, il y a de la place au fond ! Dit Mme de Santos.

Voilà, c'est ce jour là, ce jour de septembre dans ce collège si particulier que pour la première fois, je t'ai vue ! Oh, juste un petit regard curieux, un petit regard sur une jolie jeune fille un peu intimidée, avec un petit accent très très mignon !

Quelques jours après, sur un chemin rocailleux et dans le cadre du cours de sciences naturelles, Mme Fay a la bonne idée de nous emmener observer une petite mare d'eau, quelque part dans la forêt environnante. Elle voudrait qu'on énumère les procédures d'observation d'un milieu naturel, qu'on analyse la faune, la flore etc... J'y vois moi, plutôt un interlude inattendu et bienvenu dans son cours barbant de 2 heures. Je nous revois donc, deux par deux, à la queue leu leu, discutant sur ce sentier. Je suis encore avec Benoit. Tout à coup, je sens quelqu'un qui me tapote l'épaule. Vivement, je me retourne (je suis fan de Bruce Lee, alors...), c'est toi :

-"Excuse-moi", tu as laissé tomber ton écharpe". Je te regarde et je marque un temps. Je t'en remercie, et je remets alors mon écharpe autour du cou. C'est quand même incroyable que cette banalité ait pu me marquer à vie ! 40 ans après, je revois encore parfaitement cette scène, pourquoi ? A cause de tes yeux que je distingue pour la première fois et que je trouve ravissants, la douceur de ta voix, ton parfum, la délicatesse du geste avec laquelle tu m’as rendu mon écharpe, tout cela en même temps ? Bref, ce premier épisode avec toi, m'a laissé rêveur tout le long de la promenade...

Début octobre, nous venons de finir de déjeuner au réfectoire. Avant de repartir en cours, et avant de se quitter pour aller chacun dans sa classe respective, la bande de copains de l'an passé que nous sommes, Benoit, Hervé, Vincent, Daniel et moi, fumons comme d'habitude une dernière cigarette dans le sas d'entrée de la cantine (le Luquet). Nous parlons fort et comme tous les jours, nous critiquons et commentons chaque élève qui passe: "Tu as vu la face de rat de celui-ci ? Tiens, il est revenu cette année encore... Hum, elle est pas mal celle-là ! ", et ainsi de suite : Nous parlons fort, nous rions plus fort encore. Tu passes alors devant nous : silence. Soudain tu t'arrêtes, tu me demandes une cigarette. Hervé est le plus rapide, il t'en offre une. Après l'avoir remercié, tu repars. Le lendemain, de la même façon, tu t'arrêtes devant nous, mais à notre grande surprise, c'est toi qui nous proposes une cigarette... Etonnés par ce geste, nous engageons alors la conversation. Particulièrement curieux de ta présence, je te demande : "Mais pour quelle raison viens-tu fumer et pourquoi rester avec nous, nous les "mecs ? Tu n'as pas tes copines un peu plus loin ? Que peux-tu trouver d'intéressant ici avec nous ?" et toi de répondre  : «Je n’aime pas les discussions "filles" : ce n'est que chiffons, bouffe, nian-nian quoi ! et puis, il y a de l'ambiance avec vous... ". C'est sans doute à partir de ce moment, là, que tu as progressivement commencé à faire partie de notre bande. Par la suite, tout simplement et tout naturellement, tu es régulièrement venue en fin de chaque repas nous retrouver. Nous discutions et fumions alors une dernière cigarette avant la reprise des cours. Participant timidement, tu écoutais le plus souvent. Bien sûr, même en ta présence, nous plaisantions toujours, et j'avoue que je ne me privais pas de me moquer de toi, de ton étrange accent, n'hésitant pas à te blaguer, et rire plus encore de ton incompréhension de certaines expressions typiquement françaises. En plus, et pour la première fois, je n'étais pas du tout intimidé par toi comme je pouvais l'être d'habitude en présence d'une jeune fille, (jolie de surcroît). Est-ce le fait que justement je te savais avec Bernard W, (qui me l'avait avoué quelques temps plus tôt ?), ou bien que moi de mon côté, j'espérais toujours revoir ma belle Sophie...?

 Novembre-décembre : Nous sommes ensemble en cours depuis 3 mois, mais rarement assis l'un à côté de l'autre. On se croise régulièrement maintenant, je fume parfois avec toi et les potes à l'intercours, et tu ne refuses jamais de discuter avec notre groupe. On se fait même la bise, mais jamais plus... Le soir et le dimanche, tu es régulièrement avec tes amis de terminale B. Les Week-ends, tu disparais complètement (chacun sa vie). Pour ma part, c'est étrange, je commence à m'ennuyer de toi, j'apprécie (déjà) te retrouver dès le début de semaine. J'aime ton rire, tes interrogations sur mes mots que tu ne comprends pas et qu'il faut t'expliquer. J'aime particulièrement en profiter et te raconter n'importe quoi : une définition ou un sens qui n’a rien à voir, et qui nous fait atrocement rire : Tu me demandes : "Peux-tu m'expliquer ce que veut dire le mot "nocturne" s'il te plait" ? Moi : " Et bien écoute : ça vient du vieux français, c'est un mammifère du Nord de la France roux et blanc etc.", C'est vrai ce n’est pas gentil, mais tellement drôle. Depuis, je sais que tu te méfies un peu de moi, de ma répartie, de mes questions, et de mes blagues, et puis tu observes aussi que les autres me laissent souvent prendre l'initiative. J'adore aussi interrompre brusquement mes phrases ou mes questions, ayant remarqué que tu veux en savoir coûte que coûte la suite :

Je dis: " Je me demande si... oh! et puis non, rien ! "

Toi :" Quoi ? Mais vas-y continue ! "

Moi : "Bah je me demandais si... »

Toi : "Mais quoi ?"

Moi :" Non non, c'est rien…"

Toi : "Mais si, quoi ?"

Moi : " Et bien, tu vois, et puis non !" Et ainsi de suite...

Ce petit jeu pouvait durer plusieurs minutes et cela me plaisait d'autant plus, qu'à chaque fois tu te montrais, curieuse et impatiente devant mes propos. J'adorais ! J'avais alors l'impression d'attirer exclusivement ton attention ! Même si aucun de nous le disait clairement, on appréciait de plus en plus ta compagnie. D'ailleurs, nous reconnaissions tous, qu'une présence féminine dans notre groupe de gars, changeait particulièrement l'ambiance, et puis avec toi, il faut le reconnaître, moi je rigolais bien ! 

Décembre, un dimanche vers 14h : Je t'aperçois entrain de faire la queue avec tes amis de terminales B pour aller voir un film dans la salle de spectacle François Lods. Moi et toute la bande, en revanche, avons décidé d'aller dans la chambre d'Hervé pour écouter un peu de musique et discuter. Vers 17h : nous avons fini le goûter, et je décide seul d'attendre "les potes" au "Koko's, pendant qu'ils fument une dernière clope dans le sas du réfectoire.  Dans la salle, tout est silencieux et faiblement éclairé. Il n'y a pas de musique, je me dis que je dois être le premier ! Brusquement, je te vois assise au fond, sur une table, entre les bras de Bernard L. entrain de vous embrasser. Furieux, déçu, et anéanti, je repars sans un bruit vers le Clos Gentil. 

 

benoit

 

Ma peine est grande, tu ne m'as, c'est vrai jamais laissé entendre quoi que soit, mais sans doute qu'au fond de moi, j'espérais... justement être à sa place. En tout cas, là je suis abattu. C'est si brusque, si inattendu, j'ai mal. De colère, je donne un énorme coup de poing sur le premier tronc d'arbre que je croise sur le chemin du retour vers le Clos Gentil. La douleur dans ma main est si intense qu'elle m'irradie immédiatement dans tout le bras. Je me tiens péniblement le poignet. Je m'agenouille et comme un enfant, seul dans cette forêt au milieu de nulle part, la douleur et la tristesse m’assaillent, et je pleure à chaudes larmes ce qui sera ma première peine d'amour pour toi...  

Un samedi soir de Janvier. Je ne sais plus pourquoi, mais je me retrouve seul avec toi. T'ai-je rencontrée sur le chemin et ai-je décidé de te raccompagner, oui peut-être... En tout cas, il fait froid, il y a de la neige. Nous revenons, je crois du village et nous trouvons Vincent complètement saoul, allongé dehors sur le sol, inanimé. Nous essayons tous les deux de le réveiller. Je veux d'abord lui mettre des claques, puis le laisser là. Toi, tu refuses et tu insistes pour l'emmener dans sa baraque à kaïna. Nous le transportons à deux jusqu'à son lit. 

Intercours en janvier. Tu fumes des cigarettes achetées chez toi aux dernières vacances en Hollande. Tu m'en proposes une que je trouve douce et parfumée (comme toi d'ailleurs), j'apprécie le goût (comme j'apprécierai le tien plus tard !). On discute (space cake ?) de gâteaux au cannabis, tu me dis que tu en as déjà mangé, et tu me promets de m'en faire goûter un jour. Tu ne l'as jamais fait... 

Sortie ski (janvier) : Nous sommes partis très très tôt en car du collège pour rejoindre une station de ski. Tu es devant avec le groupe des terminales D et Bernard L. Je suis, moi, assis au fond sans aucun ami du groupe ! Je passe pratiquement toute ma matinée avec un élève de notre classe qui est bavard et prétentieux. Un peu après midi, je te croise sur les pistes, et je te regarde faire tes premières descentes hésitantes toujours accompagnée de ce fameux Bernard  (je peste de jalousie, en plus, je skie mieux que lui !). Au retour, tu es au fond du car, à faire la "fête" avec tes amis. Vexé, j'essaie de m'endormir le plus vite possible. Dormir et t'oublier... 

Soirée déguisée à la pension "Bader". C'est un samedi soir, et c'est une préparation à la soirée anniversaire d'un copain commun. Je suis donc assis à me préparer devant une glace à Milfor, et toi, tu me maquilles délicatement les yeux. C'est la première fois que nous sommes ainsi face à face. Je me souviens de tes mains, de ton odeur, j'apprécie ta présence. Nous sommes plusieurs à y aller. Nous nous retrouvons tous là-bas, mais après quelques minutes, je te perds de vue, ne te retrouvant plus, je décide de rentrer... 

Cours de gym en février : Nous sommes en séance de sport. Garçons et filles, chacun avec son enseignant respectif, dans des ateliers séparés et différents. Fait-il trop mauvais pour être dehors ? Tout à coup, je te vois en plein milieu du gymnase, seule, tenant un ballon et attendant certainement les consignes de ton prof. Tu es donc là à attendre, et moi je t'observe et t'admire de loin dans ta tenue moulante : collants et maillot noir, et je me dis: " Qu'elle est belle !"

Rentrée scolaire des vacances de Pâques : (mars) Nous sommes dans le car, assis tous les deux, côte à côte sur la banquette du fond. Quel heureux hasard me dis-je ! Je suis d'ailleurs un peu intimidé, je ne m’attendais nullement à te retrouver ainsi assise à mes côtés, et ce pendant plus de 6 heures. Pourtant, de ce voyage, je ne me souviens qu'entre deux sujets de discussion, à un moment tu as regardé mes mains et tu as vu la bague que j'avais nouvellement autour de mon annulaire, (c'était une alliance que m'avait donnée ma sœur). Tu l'as donc aperçue et tu m'as interrogé à son sujet. Je t'ai alors dit que j'avais rencontré une jeune fille qui me l'avait remise avant la fin des vacances... Je voulais bêtement à ce moment te rendre jalouse, te montrer que moi aussi je pouvais avoir des "petites amies". Un brusque silence s'est établi entre nous, j'ai immédiatement vu dans tes yeux de la surprise, (de la déception?) puis tu as reculé ton visage du mien, particulièrement proche depuis le début du voyage... Et ce fut brusquement la fin de notre courte intimité et l'arrêt immédiat de la "magie" du début... Quelques minutes après, nous abordions des sujets "bateaux"... Quel con me suis-je dit, à vouloir faire le malin... Tu ne peux savoir, à quel point tout le reste du voyage je m'en suis voulu, et combien cette décèption a duré bien longtemps après. 

Un samedi après-midi de Mars : Je suis dans ma chambre au Clos Gentil, un ami m'apprend que Dyne K,

dyne

 

un ancien élève et figure légendaire de l'année dernière, très ami de mon frère et moi, est venu faire un petit tour au collège. J'arrive à Kaïna, dans une des chambres où tout un groupe de collégiens parle et plaisante. Je te vois immédiatement, pourquoi tu es là, mystère ! En tout cas, tu es allongée sur un des 3 lits de cette chambre. Je cherche où m'asseoir, et sans hésiter, je m'installe à côté de toi, je prends naturellement tes jambes que tu avais gentiment repliées pour me laisser de la place et les repose sur mes cuisses, comme si c'était tout à fait normal. Tu me regardes étonnée, j'avoue que cette impulsion me surprend encore aujourd'hui ...Je crois même me souvenir, qu' à cette occasion une alerte "au surveillant dans les parages" a été donnée, et comme les filles sont interdites dans les chambres, tu t'es cachée dans un placard ! Le lendemain, (l'avions nous décidé la veille), nous nous retrouvons tous sur la place du village dans un salon de thé. Là encore, tout naturellement je m'assois à tes côtés. On plaisante et on rit. A la sortie, au moment des adieux avec Dyne, ce dernier me prend à part, et discrètement me dit qu'il te trouve jolie, sympa et me demande si je sors avec toi, je lui réponds que non, et lui de me répondre : " Tu devrais ! "

Fin mars: C'est un samedi soir, (tournois des 5 nations de rugby, le match passe à la TV), nous sommes tous les deux à une table du Central et je te demande : lait fraise ou liqueur de framboise ? (Ce sera là ce soir une, deux...liqueurs). 

Début avril : Nous sommes au réfectoire et parlons musique, je te dis que j'adore "Yesteday" des Beatles (prémonition ?), que la mélodie me fait rêver, que j'aimerais connaitre les paroles mais que je n'ai pas la traduction. Tu me proposes de la faire. Le lendemain soir, tu me remets une feuille de papier pliée en 4, contenant la traduction manuscrite exacte de cette chanson. Ce "petit bout de papier", je l'ai gardé plusieurs années avec toutes tes lettres précautionneusement gardées dans un coffret jusqu'en 1982 (à la réception de ton faire-part de mariage, j'ai tout brûlé...). 

Lundi à la Mi-avril : Nous nous retrouvons souvent après les repas du soir au Koko's et depuis quelques temps nous chahutons ensemble : on essaie de s'attraper, on se chamaille, on joue à cache-cache, bref, je te cours après. Parfois il y a une autre fille qui se joint à nous (Claire, je crois ou Martine). En tout cas ce soir, elle est là. Nous jouons "à chat" autour du koko's. Tout d'un coup, tu m'arrêtes, tu me regardes fixement et me laisses entendre, avec une forme de défi dans le regard, que tu devines mes sentiments pour toi (très mal à l'aise, je nie et trouve une "excuse bidon" du genre : "Non pas du tout, on s'amuse bien ensemble, c'est tout !" (Je pense pourtant, qu'à ce moment-là,  tu n'es déjà plus dupe …). 

Le lendemain, mardi soir : Nous sommes encore au Koko's, il n’y a presque personne. Comme "d'habitude", nous sommes en train de chahuter, assis sur une table. L'un essayant d'immobiliser l'autre. Nous nous battons "pour rire" évidemment. Et puis, comme ça une poussée en entraînant une autre, je me retrouve complètement allongé sur toi. Tu te débats, je résiste. Ton corps épouse le mien. Je sens tes seins contre ma poitrine, le bas de ton ventre sous mon sexe, ton visage au plus près du mien. Je prends alors brusquement conscience de la situation, Je m'arrête soudainement de te maintenir, je te regarde un court instant, je te lâche et m'écarte immédiatement de toi. Je ne sais pas quoi dire, pas quoi faire ! Toi à l'inverse, tu restes interrogative... Je suis très embarrassé, et gêné. Rapidement, nous nous quittons chacun de notre côté. Je n'en dors pas de la nuit. Je te revois sous moi, te maintenant de force et ça me révulse, mais en même temps j'ai encore le plaisir de la chaleur de ton corps sous le mien, ton parfum m'enivrant, tes yeux dans mes yeux, ta bouche si proche, si proche. . .. Cette nuit-là, de cette situation, je supprime le pire et avec mon corps profite du meilleur...

 Le lendemain, mercredi matin : Nous nous retrouvons encore une fois au koko's juste après le déjeuner avec toute la bande de copains. Je veux te parler en privée. Nous allons tous les deux derrière, dans un petit coin isolé et ensoleillé. Tu t'assieds sur l'herbe, très attentive. Je me place à deux mètres de toi, debout et pour une fois très sérieux. Je n'ose te regarder, j'attends encore un peu, et puis je me lance et te dis : "Heu, à partir de maintenant, il faut que je m'éloigne de toi, qu'on évite de se voir et se parler. Hum, j'ai bien réfléchi c'est mieux pour moi et pour toi. Si tu es d'accord, je préfèrerais qu'il en soit ainsi à partir de maintenant". Silence de ta part. "Heu, parce que, parce que tu vois, heu...  Enfin bref, ça serait mieux comme ça, on se verrait uniquement en classe… et c'est tout ! ". Toi, tu ne dis rien ! Un silence pesant s'installe. Alors comme ça, sans avoir rien préparer, d'une voix hésitante, pour me justifier, pour me débarrasser de ce "terrible" secret qui m'inquiète et m'obsède depuis des jours et des jours et plus encore depuis la veille, je t'avoue alors péniblement tout en regardant mes pieds, les deux mots que je n'ai encore jamais dits à personne. Ces deux mots qui par timidité, ou par pudeur ont tellement de mal à sortir de ma bouche, et que difficilement je finis par lancer : "Je t'aime"… Silence. Alors que j'attends éventuellement ton désaccord, un reproche, ou peut-être justement rien du tout, j’entends un très doucement : "moi-aussi". Pendant une seconde, je suis "scotché",  groggy, ko, abasourdi. J'ai dû mal comprendre me dis-je, je fais semblant de ne pas avoir entendu, (oui, c'est possible). J'évite ton regard, je m'oblige à fixer un point derrière toi dans la forêt, je suis fou me dis-je, ça ne peut-être la réalité, C'est trop... trop irréel. Mon cœur bat à 200, mon cerveau est en ébullition, eux aussi ne comprennent pas. Il me faut poursuivre comme si de rien n'était, j'ai mal entendu c'est tout, ne te laisse pas distraire, me dis-je, c'est trop important. Ne sois pas ridicule, et puis gagne du temps, dis quelque chose, n'importe quoi mais ne reste pas ainsi comme un idiot! Alors je poursuis :" heu, voilà quoi,  tu comprends, c'est devenu trop dur pour moi d'être avec toi, je ne...". A ce moment, plus fort et plus distinctement tu répètes : "moi aussi je t'aime ". Ce n'est plus possible, je ne rêve pas, cette fois c'est vrai. J'ai bien entendu, c'est la réalité ! C'est incroyable ! fabuleux ! extraordinaire ! Moi qui il y a un instant te proposais de ne plus se revoir, de m'écarter de tes copains, tu me dis que tu m'aimes ! Même au plus fort de mes rêves, je n'aurais pu croire en cet instant. Si je m'attendais... je te regarde, non ce n'est pas une blague, tu es sérieuse. Je suis complètement paralysé, mes muscles sont tétanisés, ma tension est "hors limite", je suis tout moite, proche de la syncope, et tu dois t'en apercevoir, car tu te relèves, et t'approches de moi. J'ai envie là tout de suite de te prendre dans mes bras, de te soulever, de t'embrasser de... et toi face à moi, tu me prends alors par la main, tu me regardes et tu me dis : " Viens, allons dans "l'allée des amoureux".

bernard

 Nous marchons main dans la main, j'ai toujours du mal y croire. Je me laisse conduire, je sens mon cœur battre comme il n'a jamais encore battu. Tu t'arrêtes dans ce petit chemin entouré de hauts genêts et de jeunes sapins. Tu prends alors mon visage entre tes mains, pose ta bouche sur la mienne et pour la première fois, pour la toute première fois, tu me donnes mon premier baiser. C'est doux, c'est bon. C'est fabuleusement exquis. C'est encore mieux que tout ce que j'imaginais ! Je sais que tu te rends immédiatement compte de mon inexpérience en la matière, mais qu'importe... Je suis transporté de joie. C'est fantastique. Je suis si heureux. Je sais immédiatement que ce sera le plus beau jour de ma vie et qu'il le sera à jamais (et il le fût !). Oui, Inge, 40 ans après je te le dis : ça l'est toujours ! 

Le samedi après-midi suivant. Il vient de pleuvoir, c'est incroyable, je me rappelle encore très bien cette odeur et le bruit des gouttes d'eau sur les épines des sapins alentours qui accompagnent notre promenade. Nous nous tenons par la main, je caresse ton pouce avec le mien, nous discutons et nous marchons sur un chemin qui va vers la forêt. Nous croisons monsieur Hollard qui promène son chien, il nous regarde tendrement, mais ne dit rien. (A la fin de ma terminale, plus d'un an après, ce même directeur viendra me féliciter dans ma chambre, pour ma réussite au bac, et me faire ses adieux. Juste avant de sortir de la pièce, il me demandera, comme ça brusquement : "Vous avez des nouvelles de la jeune fille avec qui vous étiez l'an passé, mademoiselle Inge P..., me semble-t-il ? " Tellement surpris que j'en reste coi ! Il a souri et il est parti à jamais. Sacré Monsieur Hollard. RIP. 

Samedi après-midi : Nous descendons la route vers le village, vers la salle ou nous allons nous entraîner aux arts martiaux (déjà). C'est un samedi après-midi il y a Vincent, Hervé, Daniel et sa copine (Anne) et toi. Tu nous laisses devant le "préfabriqué" qui fait office de dojo et tu pars avec Anne au village. Au retour, en remontant vers le collège, Mr Hollard, en voiture, s'arrête et nous demande si "la pêche" (nom de code que l'on donnait à nos entraînements secrets) a été bonne!! ( Comment a-t 'il su ?). 

Avril : Nous avons décidé de nous mettre sérieusement au travail, et d'aller réviser à la bibliothèque. Nous sommes l'un en face de l'autre autour d'une grande table, à un moment nous nous regardons, puis nous nous sourions (je t'adore)... 

Avril lundi matin : Cours de chimie au sous-sol du Batisco. Nous avons décidé de nous mettre tous les deux ensembles à la même paillasse. Nous sommes en principe entrain d'effectuer des expériences, mais nous n'arrêtons pas de rigoler ensemble en cachette du prof.  

Avril samedi après-midi : Nous sommes au village à la cabine téléphonique près du chemin de fer. Tu veux appeler tes parents et tu utilises une pièce (de 5 francs) scotchée à une ficelle, pour ne pas payer. Une de tes copines est là pour téléphoner aussi, elle me regarde étrangement ! ( Qu'ai-je fait ?) 

Samedi soir 25 avril : Nous descendons au village, il y a un bal organisé à la salle des fêtes pour la "Fête de la Jonquille". Nous sommes dans cette grande salle, il y a beaucoup de monde. Il y a quelques collégiens. Ils appellent les candidates à l'élection de "Miss Jonquille 19..". J'insiste pour que tu t'y présentes, je te dis que tu es sûre de gagner, et immédiatement tu te mets en colère. Je n'ai jamais su pourquoi, et malgré mon insistance, tu as énergiquement refusé de m'en donner la raison... 

Dimanche fin d'après-midi : Nous sommes encore sur le muret face au Koko's. Nous discutons de tout et de rien. A un moment, tu me dis que tu fais souvent le rêve "d'un ours venant la nuit dans ton lit" (!) Je prends mon temps, et puis "professoralement", je te donne mon interprétation naïve et personnelle de ce rêve, qui serait, à mon sens, la conséquence d'une peur ou d'une appréhension, voire d'une angoisse quelconque. Je te rassure même, en te disant que c'est tout à fait normal, qu'il ne faut pas t'en faire, que nous avons tous ce genre de rêve, que c'est commun pour tout le monde. Tu me regardes fixement et tu souris...

Mercredi après-midi : Tu viens dans ma chambre... Tu ouvres mon placard et trouves une de tes k7 de Stevie Wonder, malheureusement, je l'ai abimée, (je l'ai réparée, mais j'ai mis la bande dans une autre boîte...). Tu n'écoutes pas mes explications et tu quittes ma chambre furax ! 

Un soir de fin avril : Nous nous sommes fâchés. Nous avons convenu de se voir pour se parler : tu me remets une lettre. Machinalement je la prends sans la regarder, je la mets dans ma poche et je commence à t'asséner mes reproches. Nous nous disputons. Je n'écoute pas tes explications. De dépit et de tristesse, tu pars en pleurs à Milfore. Alors seulement j'ouvre ta lettre. Tu m'écris que tu es triste de cette séparation, que tu ne comprends pas mon comportement, mais que tu es prête à me demander pardon. Tu m'expliques que l'ours de tes rêves, c'est moi, et loin d'avoir peur de cet ours, tu l'attends... Immédiatement, j'arrête ma lecture, effondré, dépité, dépassé. Je suis à la fois sincèrement ému et complètement bouleversé. Ni une ni deux, je me précipite dans ta chambre. Je te trouve à ton bureau encore en larmes. Tu me demandes alors en colère si j'ai lu ta lettre, je te réponds :"que le début". Tu exiges de te la rendre. Tu me l'arraches presque des mains, et m'ordonnes de sortir immédiatement. (Je n'ai donc jamais lu cette lettre en entier, mais le début (encore dans ma mémoire) m'a fait littéralement chavirer. Mais pourquoi ai-je réagi ainsi ? Si tu savais ce que j'aurais donné pour en connaître la fin !


Un dimanche après-midi : Nous avons décidé avec la bande de profiter de ce beau dimanche après-midi pour nous promener dans la forêt. On fait une halte à la grande cabane des collégiens. Tu t'assois sur un lit de fougères sèches, je m'allonge à côté de toi, je suis bien, malheureusement les autres veulent continuer. Nous arrivons devant une résidence secondaire fermée. Après un moment, je force l'entrée. Peu rassurés, nous visitons chaque pièce, ouvrant tiroirs et armoires. Pour finir, nous nous asseyons tous autour de la table à manger. Tu es sur mes genoux et nous écoutons M... à la guitare. On est bien, c'est sympa. Nous retournons au collège en retard pour le dîner. Il n'y a plus personne dans le réfectoire. Après âpres discussions avec le cuisto, il accepte de nous servir un plat unique : une superbe plâtrée de spaghettis bologneses que nous dévorons, affamés que nous sommes et ravis de cette promenade et de cette journée. Comme pour toi, cette après-midi restera une journée mémorable. 

Le samedi soir (23 heures) 30 avril, Week- end du 1er mai : Pour ce long Week end du 1er mai, tu as pris une chambre à l'hôtel "Le Central". Je me souviens que tu m'avais donné une raison un peu «bizarre", que tu avais réservé cette chambre pour la venue de tes parents, mais qu’au dernier moment, ils n'avaient pas pu venir... Evidemment, je n'avais pas sur le moment percuté, quand tu m'as demandé la veille de te rejoindre à cet hôtel. C'est samedi soir, il doit être pas loin de 23 heures, Je cours à travers les rues du Chambon pour te rejoindre. Je croise une voiture de police qui fait immédiatement demi-tour et part à ma poursuite. Merde ! Je cours à perdre haleine. J'essaie de la semer, pour m'échapper, je saute instinctivement par-dessus une haie... J'arrive à l'hôtel complètement essoufflé et pas mal égratigné. Tout est éteint. Tu m'as dit que la porte sur le côté serait ouverte, que tu serais au premier, et que tu laisserais même la porte de ta chambre ouverte ! Je rentre tout doucement, la lampe de chevet est allumée, tu t'es endormie... que tu es belle!  Je te regarde longuement dans ton sommeil avant de délicatement te réveiller. Je t'ai apporté comme tu me l'avais demandé quelques morceaux de pain et une barre de fruit (tu n'as rien manger depuis le matin). Tu te lèves, tu manges les quelques provisions ramenées, nous parlons. Je te raconte mes déboires avec la gendarmerie. Je suis à moitié allongé sur ton lit. A ce moment, tu me demandes pourquoi je tremble, si j'ai froid, je te réponds que tout va bien, que c'est peut-être encore "l'effet police"... Puis comme ça, tu me proposes d'aller dans ton lit ! Je te regarde, (je n'ose y croire!). Evidemment je tombe des nues. Combien de fois avais-je rêvé de faire l'amour avec toi ? Combien de fois la nuit, avais-je pensé (voire plus) à toi, à ton corps, à tes lèvres ...? J'étais loin de penser qu'en venant ce soir, ce serait une réalité ! Malheureusement cette unique expérience n'a pas été "top", et je sais évidemment que tu en as été extrêmement déçue... Si tu savais à quel point moi aussi et comme je m'en veux ! Bien sûr on mettra ça malheureusement sur le compte de notre inexpérience mutuelle, mais vraiment quel dommage…

Le lendemain matin, je te regarde dans le lit, tu es déjà réveillée, il faut absolument et malheureusement que je rentre vite au collège. Je m'habille rapidement avant de partir, je me retourne, tu es assise dans le lit, et tu es nue, et j'admire pour la première fois (et l'unique) ton corps, ta poitrine. Je ferme doucement la porte. (Je comprends seulement aujourd'hui, incroyable non, que tu avais à l'avance tout prémédité : ce W.E précisément, cet hôtel, et surtout de te donner ce soir-là, et pour la première fois à moi. Quel honneur, quelle confiance et qu'elle belle preuve d'amour (en tout cas je le prends ainsi) tu m'as fait. Même après tout ce temps, je t'en suis reconnaissant et t'en remercie, car même si j'en rêvais, jamais moi je n'aurais osé te le proposer. Merci.  

Dimanche après-midi 16 mai : nous sommes au Clos Gentil dans ma chambre avec Daniel et sa copine Anne, chacun sur son lit. J'ai enlevé la poignée et bloqué la porte (!). Nous nous embrassons tendrement et délicatement je te caresse, (mon Dieu que c'est bon et agréable). Juste à côté Daniel et sa copine (Anne) font de même... Et puis tout d'un coup, tout doucement dans l'oreille, tu me dis: "arrête s'il te plait, arrête je vais jouir...". J'arrête alors mes trop doux massages... (pourquoi ai-je accepté ! J'ai vraiment tout loupé !). Nous nous sommes levés, et sommes partis en laissant là nos amis. Sache que ces tendres instants avec toi dans mes bras à la limite de l'orgasme sont encore la source de mes plus agréables fantasmes... 

Mai toujours : Nous sommes devant le koko's, il fait pratiquement nuit. Tu es assise sur le muret, il y a Abigaël, et son copain Richard. Je suis debout entre tes jambes et tendrement nous nous embrassons. 

Fin mai : Tu es au self entrain de servir les repas du soir au Luquet, tu es à la caisse (de corvée), en passant avec mon plateau, je te remets un mot (pour lequel toute mon heure d'étude y est passée), un mot d'excuse sur ma conduite l (Malheureusement, je ne sais plus encore quelle mauvaise conduite j'ai pu encore avoir avec toi...).

Mi-juin : Cela fait quelques jours que l'on s'évite, que l'on se parle de moins en moins, à peine un petit bonjour et encore... Nous nous croisons un mercredi après-midi près du koko's alors que j'allais justement te voir. Tu t'arrêtes brusquement et tu m'annonces :" je voudrais qu'on arrête de sortir ensemble. Mais si tu veux on peut rester amis !". Je te regarde, je n'ai pas encore compris. Et puis, d'un coup "la douche"! Trop surpris pour dire quelque chose ou bouger, je te regarde intensément, j'ai envie de hurler. La douleur m'empêche de parler, je voudrais te crier : " Non pas comme ça. S'il te plait, Non. Pas ça. Aller on va faire comme d'habitude, on va finir par se réconcilier, tu sais maintenant comme je suis ! Tu n'en as pas le droit ! S'il te plait,  s'il te plait,  excuse-moi... Je voudrais te dire : " tu veux qu'on reste amis, mais comment le pourrais-je ? Comment vais-je faire pour t'accompagner sans te tenir la main ? Comment pourrais-je te parler sans t'embrasser, te toucher sans te caresser ou te regarder sans t'admirer ? Dis-moi, comment être ton ami et te voir s'en m'émouvoir ? T'aimer sans le montrer ? Et surtout, comment accepter sans pleurer, sans crier, t'observer avec un autre à tes côtés ? Comment accepter cela ? Non, c'est impossible, je ne peux pas". Mais au lieu de te dire tout cela,  sentant venir mes larmes, par fierté, par lâcheté, ou par bêtise, je te réponds sèchement : "sûrement pas !". D'un coup, je me retourne et je cours à perdre haleine me réfugier à l'internat où, j'ai commencé à cet instant un très long purgatoire.  

Fin juin : C'est les révisions du bac. On a plus cours. Il est 10h30, je vais voir mon ami Benoit dans sa chambre à Kaïna pour lui confier et partager ma peine. Je frappe à sa porte et sans attendre j'ouvre. Oups ! Tu es là assise sur le lit à côté de lui. J'ai un moment d'arrêt, mon cœur s'arrête de battre. Personne ne parle. Je claque la porte, fou de rage et de douleur, et m'enfuie rapidement. Je suis incapable de te décrire ma double peine, pour cette double trahison ! je n'en ai pas dormi de la nuit !

Début juillet: Epreuves du bac français : Tu es assise seule sur un banc au milieu de la cour d'une école au Puy. Ecole dans laquelle on vient juste de passer l'oral du bac français. Il fait très beau, c'est l'après-midi. Je t'aperçois de loin pensive. J'hésite longuement avant d'aller te parler. Finalement, j'y vais, et je me lance: "salut" ! tu réponds : "salut" ! Petit moment de flottement... Puis on parle de l'épreuve et tu m'apprends que pour toi cet oral a été moyen... Nous discutons alors naturellement, comme avant (!) Seigneur, que j'apprécie ta compagnie (je me demande si toi aussi !)  Dès que j’en ai l’occasion, je te dévore des yeux, j'aime ta bouche, ton visage... Je te trouve encore une fois très belle, (j'ai terriblement envie de t'embrasser !). A cet instant très précisément, je réalise que c'est extrêmement agréable de discuter de nouveau avec toi, d'être ensemble, et je savoure pleinement ce moment, et prends pleinement conscience que tu me manques terriblement et à quel point je regrette que l'on se soit séparés. Pourquoi cette rupture, nous sommes tellement bien ensemble tous les deux, me dis-je ? J'ai un mal fou à te laisser... mais je sais aussi que malgré tout, c'est toi qui m’as jeté et il faut donc que je respecte ton choix... Alors faisant comme si de rien n'était, je me retourne et très très tristement, sans un dernier regard, je te laisse là sur cet étrange banc, dans cette drôle de cour, regrettant déjà amèrement cette triste situation.

9h00 - 6 juillet : Voilà l'année est finie. Nous prenons le car, retour vers Paris. J'essaie de t'ignorer et donc ne t'adresse aucun regard, aucune parole et j'essaie de faire l'indifférent quand tu passes devant moi pour t'assoir(!).Tu t'assois avec Benoit sur la rangée de droite, 2 fauteuils devant. Je suis seul sur ma banquette, et du coin de l'œil discrètement, je vous épie. Lui et toi, vous n'arrêtez pas de discuter. De mon côté, j'enrage. Non seulement je n'ai personne à qui parler, mais j'imagine votre conversation. Et pour tout dire, j'espère chaque minute que tu viendras sur le siège libre à mes côtés et que nous parlerons (voire plus si affinités !). Pourtant pendant cet interminable voyage, je reste désespérément seul, réalisant que mes deux meilleurs amis m'ignorent totalement. Cela m'est insupportable, vraiment insupportable... Alors évidemment, quand arrivé à Paris, pendant que je suis entrain de prendre ma valise posée sur le trottoir, (mon père m'attend un peu plus loin pour me ramener en voiture), et que toi, tu arrives derrière moi et que tu me demandes doucement si tu peux venir cet été chez moi en Normandie, forcément, je te réponds :"NON" et pars alors sans un dernier regard pour toi. Ce sera hélas la toute dernière fois que nous nous verrons. Si tu savais, comment toute ma vie j'ai regretté ce " Non"... Je me suis d'ailleurs toujours demandé quel aurait été notre avenir, pour toi comme pour moi, si j'avais accepté ta proposition de venir. Quelles étaient tes intentions ? Pourquoi ce brusque changement, et pourquoi vouloir venir chez moi tout à coup ? Qu'espérais-tu alors ? Attendais-tu la même chose que moi ? ( Evidemment, pendant toutes ces années, mon imagination sur ces questions a été sans limite...).

Fin     

Juillet 2006-Décembre 2017     

 "Ton indifférence à mon égard prouve à quel point tu m'as oublié, la précision de mes souvenirs te dit combien je t'aimais".

 

 

 

 

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